Introduction

Aujourd’hui, les intelligences artificielles ont envahi nos quotidiens et le terme est si largement employé pour son usage marketing que sa définition en a été dévoyée.
Des jeux d’échecs aux logiciels de création graphique en passant par l’aide rédactionnelle, ces intelligences artificielles accompagnent et impressionnent chaque jour un plus. Du moins, tant qu’elles se contentent d’assister l’humain. Pourtant, et depuis quelques mois déjà, plusieurs entreprises s’échinent à développer des algorithmes capables non pas d’assister les artistes du cinéma, de l’art et de la musique, mais bel et bien de les remplacer.

Quelles sont ces Intelligences Artificielles qui ambitionnent de supplanter les créatifs humains ? Comment appréhender en tant qu’artiste l’avènement de ces solutions logicielles ? Si nous ne prétendons pas pouvoir vous offrir de réponse tranchée et définitive, chez Corbeau Blanc, nous voulions tenter de vous offrir quelques clés de lecture au sujet de ce phénomène qui bouscule nos certitudes.

Une intelligence de surface

Aujourd’hui, le terme d’intelligence artificielle est si large et employé qu’il met à la peine tous ceux qui tentent d’en dresser une définition claire et concise. D’un point de vue fonctionnel pourtant, il existe un moyen de délimiter les contours de ce qu’on appelle plus communément “IA”. Déjà, d’un point de vue purement fonctionnel, il convient de différencier les différents types d’intelligences artificielles existantes.

La plus répandue, dite “IA Faible”, définit tous ces algorithmes qui agissent uniquement dans des limites pré-établies et qui, le plus souvent, ne sont dédiées qu’à un seul type de tâches bien précises. Par exemple, en 2022, le monde a découvert avec stupéfaction Midjourney, l’un des principaux programmes qui génèrent des images à partir du texte d’utilisateurs (aussi appelé prompt). Aussi stupéfiant soit-il, Midjourney ne peut opérer que dans les limites de son code, il ne peut s’en défaire ni le modifier. Siri, Alexa et Google Assistant sont également de ce premier groupe d’IA, seulement capables de répondre aux requêtes définies en amont. 

L’autre catégorie, c’est celle des IA fortes, capables d’aborder des situations nouvelles, de comprendre intrinsèquement une requête inédite et d’y répondre sans avoir y avoir été entraînée. Pour y parvenir, il faudrait qu’elle puisse réécrire en autonomie son propre code, ce qui constitue une tâche colossale et malheureusement impossible à atteindre aujourd’hui, même si les progrès en ce sens sont rapides et prometteurs.

Une polémique grandissante

Il y a fort à parier que si les programmes d’assistance basé sur l’IA venaient à disparaître, le quotidien de millions d’individus deviendrait plus compliqué tant nous en avons pris l’habitude. Elles corrigent (plus ou moins efficacement) nos fautes d’orthographe, nous facilitent le détourage de sujets sur photoshop et remplaceront bientôt les conducteurs dans nos voitures, il faut reconnaître que nos vies ont été améliorées depuis l’apparition de ces IA. Mais si elles sont si efficaces, pourquoi défraient-t-elles la chronique dès lors qu’elles s’emparent des domaines artistiques ? La réponse est multiple. 

Le premier conflit que génère l’arrivée de ces programmes dans le domaine de l’art, c’est bien évidemment celui de la légitimité des créateurs. Dans la mesure ou Midjourney, pour ne citer que lui, réagit à une requête humaine, il peut paraître évident que la parenté lui revient. Néanmoins, dans un domaine où la technique et l’apprentissage constituent les fondements de base, est-il juste de considérer quelqu’un qui réalise un tableau en quelques secondes avec midjourney au même titre qu’un peintre qui aura passé des années à perfectionner sa technique ? 

Ces programmes de génération d’images posent aussi le problème de l’éthique. En septembre dernier, de nombreux artistes s’étaient élevés contre l’art génératif alors qu’un participant remportait la première place à un concours artistique en soumettant une œuvre générée par MidJourney. Là encore nous vous laisserons vous forger votre opinion, mais la grogne de la communauté artistique nous semble légitime.

Enfin, l’ultime difficulté que rencontrent cette fois tous les artistes, c’est celle du vol de leurs travaux. En effet, pour fonctionner, Midjourney et consorts nécessitent un répertoire d’images de références colossal dans lequel ils peuvent puiser afin de les fractionner et les recomposer en une image inédite répondant aux critères de l’utilisateur. Cependant, au lieu de constituer ces bases de données à partir d’œuvres dont ils possèdent les droits, les chercheurs ont paramétré leurs algorithmes pour venir aspirer les œuvres postées sur des plateformes telles qu’Artstation ou Instagram sans pour autant en avertir les auteurs. S’il existe un flou juridique sur ce cas de figure, d’un point de vue purement éthique, l’on peut comprendre les raisons qui poussent de plus en plus d’artistes à lever leurs boucliers et demander aux autorités compétentes d’encadrer ces nouveaux outils.

Un outil qui séduit de plus en plus

Outre la rapidité d’exécution, c’est le coût de production de chaque image qui séduit le plus les entreprises. Avec ces générateurs, il devient beaucoup plus rapide et économique de réaliser des visuels pour accompagner différents supports de communication. Récemment, c’est Tor Books, éditeur de livres, qui s’est illustré en utilisant un visuel généré par ordinateur comme couverture de roman, s’attirant par la même occasion la foudre de nombreux illustrateurs.

Si l’idée peut paraître tentante, il est bon de garder en tête que malgré l’apparente efficacité de ces outils, la cohérence visuelle et le rendu de manière globale n’est jamais garantie. En effet, les images générées ont la fâcheuse habitude de présenter des artéfacts visuels qui viennent gâcher l’ensemble de la réalisation. Les exemples sont nombreux mais les plus fréquents concernent les inexactitudes au regard de l’anatomie humaine : doigts en trop, asymétrie des yeux, etc…

Cependant, malgré les avantages apparents, il nous semble important de rappeler que ces intelligences artificielles, aussi rapides soient-elles, ne peuvent pas proposer un degré de finition et de personnalisation comparable à un expert humain. Chez Corbeau Blanc par exemple, nos créatifs ont développé avec l’expérience des compétences transversales qui leur permettent de répondre précisément aux besoins de nos clients. En effet, en ne reposant pas sur l’interprétation libre des IA, nos créatifs maîtrisent avec minutie les livrables qu’ils produisent.

Conclusion

Bien que les IA aient amélioré notre quotidien, leur utilisation dans la création artistique soulève des polémiques. D’une part, il y a la question de la légitimité des créateurs et de la reconnaissance de leur travail, d’autre part se dresse le problème de l’éthique, car l’utilisation d’algorithmes de génération d’images dans la création artistique souligne des questions sur la créativité, l’originalité et la propriété intellectuelle. Pour l’heure, il semblerait que la meilleure voie serait de continuer à définir les contours de ces outils afin de garantir un usage qui soit respectueux de toutes les parties prenantes sans pour autant brider le progrès et l’évolution des méthodes créatives. C’est pourquoi il est primordial de se poser ces questions le plus tôt possible.

Image de couverture – Deepmind unsplash